lundi 16 mai 2016

Silences et partages.


"écoute ce bruit fin qui est continu et qui est le silence. Écoute ce qu'on entend lorsque rien ne se fait entendre"
Paul Valery

Souvent au fil de ma descente de la France, j'ai mesuré les champs, les vastes et pourtant tout intimes paysages du silence. En lâchant peu à peu toute prétention à la maîtrise de mon environnement, j'y découvrais pas à pas la valeur de l'écoute la plus fine, la plus vive, et aussi la plus intime.
Avant de reprendre la route vers Toulouse, j'écoutais une émission autour du récent livre de Alain Corbin, historien des sens, sur le silence. Dans le fil de l'émission venait le concept selon lequel c'est peut être le "trop de tout "de notre société qui redonne valeur à la recherche du silence.
Et je recueillis avec une certaine ferveur l'expérience que je venais de vivre, forte, dans mes longues journées de marche en France.

Et puis. Et puis dans mon retour vers Toulouse, ce petit événement rageant qu'est le piratage d'une adresse émail. Rageant et un peu plus. Un peu par  le fait, d'une certaine façon , de l''intrusion des "bruits du monde "dans mon parcours, mon parcours de relation avec les lecteurs que vous êtes, et le dévoilement assumé du parcours intérieur.
Je dois concéder que ce petit coup de griffe a eu des conséquences. Celles de me centrer sur d'agaçants points techniques qui me mangeaient de l'énergie.
A ce stade  (une longue journée de démarches à Toulouse chez mes amis....merci encore à vous cinq) , c'est ma reprise de la marche elle même qui a sans doute été un peu amputée de son dynamisme. Au point de me faire douter, à St Jean de Luz, de ma capacité à poursuivre. Le pas était lourd de tracasseries ! C'est le terme approprié.

C'est dans ces conditions, après des démarches dans St Jean de Luz, que j'arrive, sous une pluie usante, à Urrugne.
Arriver dans un gîte c'est accueillir l'inconnu, dans un relatif inconfort, aussi relationnel que purement technique.
J'étais dans ces dispositions prudentes, réservées, si ce n'est un peu sauvages, à l'égard de mes compagnons du soir, Théo l'allemand, Gérard et Didier les français.
Dès le matin, Théo doit nous quitter à Hendaye pour une réparation optique.
Me voilà en compagnie de Gérard et Didier pour le passage en Espagne, et les premières démarches. Je me demande avec un peu d'appréhension quelles seront les aventures espagnoles, ils s'en remettent pour leur part à mes connaissances relatives de la langue, et notre équipage s'ouvre aux chemins, comme à l'apprentissage "sur le tas "d'un vivre ensemble dans un vivre international, dont je reparlerai.

Mais mon sujet concernait le silence. Peut on être seuls et ensemble ? Sont ce là des postures d'antithèse? Avec Gérard et Didier  (honneur à eux deux), je fais l'expérience de cet équilibre qu'il faut trouver avec justesse sur ce terrain. Être seul à son pas, à son rythme, à ses pensées aussi. ...fragile  et riche expérience.

Cet après midi même, sollicité par un couple sur notre chemin, je laissais avancer mes deux co - pèlerins  (selon les termes de Didier ). Les deux jeunes gens qui m'avaient arrêté s'enquirent de notre trio. Je leur racontai notre équipe improvisée, et l'aventure d'un vivre ensemble dans nos chemins intérieurs. "c'est comme dans un couple, me dit la femme, nous avons toujours à moduler ces équilibres aussi", me dit - elle avec l'acquiescement de son mari .
Les fruits profonds, vous voyez, d'une rencontre pas aussi anodine que son inscription dans un temps très aléatoire pourrait le présager !

1 commentaire:

  1. Bonjour Paul !
    De retour au club en ce mardi matin, Claude m'a transmit ton courrier ! J'ai donc bien pris en compte les changements d'adresses et les diffuse au sein du club pour que nous puissions continuer à suivre ton voyage !
    Merci d'avoir pris le temps de m'en informer, bonne route, avec ce beau soleil !

    Cordialement, Théo et le Sporting Club Tulle Corrèze.

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