jeudi 19 mai 2016

Irusta taberna, Larrabetzu

Nous marchons sous la pluie ce matin. de l'eau, de la boue. Quand le temps est aussi bouché, il faut juste avancer !


Avancer ! Didier m'explique que sous un tel temps, il n'a même pas envie de faire des photos. Je suis un peu dans les mêmes dispositions, lui dis - je. Quelques photos pourtant, pour vous dire la beauté ouatée de la montagne . 


Au fil du chemin, à l'approche de Larrabetzu, de façon offensive, les tags et graffitis nous rappellent les combats de la région. Arrivés à Larrabetzu, nous sommes à la recherche d'un petit bar.
Sur la place à laquelle nous venons d'accéder, Jean Pierre hèle un homme qui sort d'un petit bistrot, et lui demande si ce bar est ouvert...Aucune réponse ! Jean Pierre réitère sa question. ...l'homme répond, bourru, que c'est fermé. Manifestement il ne veut pas répondre à une question en espagnol !
Que faire?. ...je propose un essai pour savoir si ce bar est ouvert. Je rentre, le plus chaleureux possible et lance un "Egun on" (Bonjour ) à la femme qui semble y faire le ménage. Elle appelle la patronne: une dame qui porte bien ses 75 80 ans. Je me présente de nouveau avec mon "Egun on". Il a l'heur de la surprendre. Je m'excuse aussitôt de ne pas savoir le basque, et de devoir m'exprimer en Espagnol. Elle me répond que pour sa part elle parle un basque mâtiné d'espagnol à 20%. "Je ne connais pas l'espagnol, me dit - elle "

Puis elle me demande ce que je veux. Avec tous mes trésors de politesse, je lui demande si le bar est ouvert. ..si je peux consommer avec 3 amis. Je dois avoir une bonne tête. Elle m'invite à entrer. ..et je comprends aussitôt qu'elle nous ouvre sa taverne, fermée à cette heure.
Et puis, Jean Pierre se joint à la conversation, et nous désignent tous deux comme bretons. Ah, les bretons, elle connaît...indépendantistes comme les basques ! Nous laissons dire. ...
Et peu à peu la vieille dame se livre, sur cette foutue Espagne qui les opprime, sur la géographie des 7 départements de la revendication indépendantiste basque  (française y compris ).
Tout en nous servant bières et tortillas au Chorizo  (excellentes ! ) elle déroule de ses années toutes les rancoeurs de son pays contre l'Espagne  ("je ne fais pas l'effort d'apprendre l'espagnol, ils ne m'intéressent pas", dit - elle ).
L'Espagne ?" Un nid de voleurs, de truqueurs et de corrompus ! L'Europe, ce n'est pas mieux ! Et en France aussi, il y a des voleurs. ...Tiens, comment elle s'appelle ? Christine La....? "Lagarde, madame ? ". C'est ça, Lagarde!

Dans la taverne trône, bien affichée, la photo de Josu, en tag sur les murs à l'extérieur . Sur le bar, une tirelire pour soutenir le combat de l'ETA. 

La petite dame, heureuse de notre écoute attentive, s'intéresse à nous aussi. Lorsque nous présentons Jean Pierre et les aventures de Notre Dame des Landes, elle a vite une solution catégorique. "La bomba ! "
Au coeur même du village, sur notre route de pèlerins, des affiches placardées assurément avec l'accord si ce n'est le soutien de la mairie, en basque, espagnol, français, anglais. Un appel aux esprits des cheminants que nous sommes ! 


Oui, nous sommes  au coeur du pays basque, et de ses revendications. Et vous le voyez, le rêve indépendantiste ne concerne pas ici que de jeunes rêveurs idéalistes !

Passants, Honneur et gloire à nos héros 
Combattons tous pour leur libération. 
Chacun doit faire quelque chose. 
(Traduction approximative ).


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