mardi 31 mai 2016

Gijón

Gijón ! La ville. ...Après notre soirée campagnarde, retour vers la civilisation. Et c'est bien là, pourtant, pourtant et tant mieux, le lieu et le décor du Chemin.  Autant les chemins secrets des montagnes d'Asturies  (la chaîne cantabrique) que les trottoirs trépidants de Gijón. Sur le Camino del Norte, les étapes ne sont pas toujours très  marquées par l'histoire du pèlerinage . Le Camino Francès, classé lui au patrimoine mondial de l'humanité, brille par ses merveilles d'art sacré, et par conséquence de l'architecture des villes concernées. Dans le Nord, je pourrais dire que, peut être, le chemin se fait intérieur. C'est dans cette ascèse là que le chemin est beau. La découverte, jour après jour, des merveilles diverses de la nature, des oeuvres humaines, la rencontre  (même dans l'obligation de chercher à communiquer malgré les barrières linguistiques ), le désir de se dire, de s'accuellir mutuellement,  tout cela réitère, je crois, aujourd'hui , le cantique à la Vie de St François d'Assise. Et cette prière de louange, elle se dédie tant à ce vieux chêne creux qu'au retable de l'église San Lorenzo , à la plage de Gijón, ou au chaleureux accueil du serveur de notre table du soir. Sans frasques et sans décorum, chaque jour peut être reçu  comme merveille.
Il nous faut juste en reconnaître  les trésors. Le Chemin offre le temps de cette disponibilité. Et sans doute, l'usure de la marche y porte nos corps et notre attention, délivrés que nous sommes  (dans la fatigue même) , de l'encombrante tension de tout maîtriser. ..soi, l'autre et le monde. Liberté et accueil du détachement!
Paul

Le chemin leur offre en patine 
Un vieux chêne pour écrin . . . 

Retable de San Lorenzo. 
Perroquía Mayor 
De San Pedro Apostól . 

lundi 30 mai 2016

La Isla

L'église paroissiale 
Ce bleu en façade, c'est typique  d'Asturies ! 

Greniers à grain

Les greniers d'Asturies
On les appelle hórreos,
Magnifiques ouvrages de charpente, aujourd'hui réhabilités vers des usages qui souvent n'ont plus de fonctions agricoles.

30 Mai. Un besoin de repli

Parfois, le chemin nous aspire dans la fuite pressée du temps, et la volatilité des rencontres. Les pèlerins reproduisent les systèmes de relation sociale, et je reconnais aspirer parfois à un peu de silence, de retrait.
Mais c'est aussi cela, l'aventure. Le bruit, les usages sociaux, l'inanité même des conversations. ...
Hier soir, le gîte de La Isla réunissait toutes les conditions de promiscuité de nature à faire rêver d'une île en solitaire.
25 lits, 2 douches et toilettes. Une atmosphère bruyante . C'est cela parfois , la vie de pèlerin. Y tenir l'horizon méditatif et spirituel relève alors de la haute improbabilité.
A ce titre, nous nous sommes dépêchés, en fin de journée , de chercher pour ce jour une auberge un peu plus "retirée "de l'urgence pèlerine. Trouvée ! Trouvée quelques kilomètres plus loin que notre étape présumée de Villaviciosa.
Albergue la Ferrería à Amandi. Sergio, Edurne et leurs enfants nous accueillent dans leur fermette bucolique au bord d'une petite rivière.
Retrouver le chant des oiseaux, les jeux du chat et du chien de la maison.

Juste le plaisir simple d'écouter chanter l'eau dans le courant, de s'émerveiller devant l'explosion printanière du jardin et des haies.

La Isla -Villaviciosa

Les jours ne sont pas les mêmes. Le paysage se fait chaque jour neuf.
Et l'oeil lui même peut se montrer attentif et accueillant sur ce qu'hier il ne voyait même pas. .
Quelques images bucoliques de notre marche matinale.

A Colunga 
Près de Villaviciosa, 
Un bois d'eucalyptus. 

dimanche 29 mai 2016

Écrire.....


"Ecrire pour ne pas mourir,
écrire, tendresse ou plaisir,
écrire pour tenter de dire,
dire tout ce que j'ai compris,
dire l'amour et le mépris,
écrire, me sauver de l'oubli.
Ecrire pour tout raconter,
écrire au lieu de regretter,
écrire et ne rien oublier,
et même inventer quelques rêves
de ceux qui empêchent qu'on crève
lorsque l'écriture, un jour, s'achève..."
                             Anne Sylvestre


"Quel plaisir de te lire et voir tes photos , merci, dis -tu ,MERCI  MERCI !


Écrire !
Cela part d'une promesse, d'une petite proposition. "Oh oui, pourquoi pas ! une photo, un petit commentaire journalier. "
Peu à peu, le rituel journalier prend sa place dans le cheminement. Écrire pour tenter de dire, et même inventer quelques rêves , dit - elle.
Oui oser dire, et au moins le tenter.

Ces mots partagés, ces émotions suscitées, ces recherches mutuelles de sens, de profondeur, de prise de champ, d'explorations, d'horizons, m'invitent et me convoquent à aller plus loin, plus profond encore, à  m'aventurer la où les mots dévoilent de moi, là ils veulent me faire dire, me faire découvrir. Aller vers l'inconnu où ils me poussent.
Celles et ceux qui me lisez attentivement vivez à mon pas une communauté qui, je le sens, nourrit et génère son propre chemin intérieur.

"Son chemin" ! Un dialogue cheminant qui pousse , qui creuse sa propre voie dans la recherche.
Alors, l'écrivant que je suis se voit doucement poussé à aller plus loin, au-delà du visible , de l'immédiat préhensible. La marche y aide, déambulation décapante, inspirante.

Parfois, de l'intérieur, de l'intériorité devrais je écrire, un mot, quelques mots, impriment avec obstination leurs traces, épitaphes spirituelles qui révèlent et appellent un 'au delà' aux horizons tangibles.

Parfois, c'est une image, une impression, un paysage, une sensation, un son, une musique, que sais - je encore.

Accepter l'entreprise, accueillir l'exercice, c'est engager un peu de moi dans ce que les mots touchent et recueillent. Ce qui se fait entendre , une fois dissipées  les apparences, une fois tombé le rideau du Temple. Peut-être faut -il(sans doute vaut -il) reconnaître, embrasser ce langage, comme il se donne, comme il effleure et affleure , comme il étonne, détonne, résonne. Le récit du Chemin est lui même Chemin.
Résonances, consonnances, assonances.
Assonances, ces chroniques journalières en forme de jeux de mots , résonances, les échos harmoniques qu'elles vous suscitent, consonnances, nos dialogues sensibles.

"Ultreïa, Suseïa ! Plus loin, plus haut ! ", se promettaient les pèlerins du Moyen Âge.

La sociedad es así !

- La société est ainsi : Le pauvre travaille. Le riche l'exploite. Le soldat défend les deux. Le contribuable paie pour les trois. Le vagabond se repose sur les quatre. L'ivrogne boit pour les cinq. Le banquier escroque les six. L'avocat trompe les sept. Le médecin tue les huit. Le fossoyeur enterre les neuf. L'homme politique vit des dix.

De Ribadesella à La Isla.

L'emblème du chemin, 
Et l'eau. 
Eaux de rivière, 
Eaux de mer. 
A l'approche de La Isla 
Après midi d'orage. 

Un petit salut géographique !

Bonne fêtes à quelques mères que je connais. Et un bonjour particulier pour mes familles adoptives. Salut Toulouse, et .....Hello Cornwall! Je suis aujourd'hui, à l'approche de Gijón, à la même longitude que Lizard !

samedi 28 mai 2016

Soleil couchant.

Le soleil se couche à Ribadesella. Un moment de quiétude, d'intériorité. Non, pas comme un instant facticement organisé. Juste l'envie de me laisser cueillir doucement. Et là, devant la mer de Cantabrie, la douce caresse du ressac essuie les derniers vernis du coeur. Profonde émotion inattendue. Viennent s'embrasser, et s'embraser dans le chaud crépuscule les mille et un visages de mes tendresses, ceux et celles partis , ceux et celles bien présents et vivants, ceux et celles surprises du chemin.
Une silencieuse ronde m'étreint le regard, porté sur un Nord auquel je vous murmure un "bonne nuit " .

Très chères !

Très chères !
Très mères. ...
Que se dit on , ce jour d'institution !
Un bon jour, un "Bonne fête! ".
Bonjour à vous toutes, Bonjour à toi.

Une fleur
pour dire l'âge intime du printemps,
le ressac de la mer
pour mémoire de jours essaimés ,
Le silence du coeur,
Pour la chanson d'aimer !

Albergue juvenil Roberto Frassinelli(rectificatif)

L'auberge Roberto Frassinelli  à Ribadesella. Vous ne connaissez pas sans doute. Tapez "albergue Roberto Frassinelli Ribadesella "et vous aurez accès à leur site. L'auberge est là, sur la magnifique plage de Ribadesella !
Quelques photos pour vous montrer que les façades ont été repeintes.
Un bien sympathique accueil.

Nuestra Señora de las dolores

La perle de la ría de Barro . 

28 Mai, de Llanes à Ribadesella

Chaque jour ses trésors,
Chaque jour ses merveilles,
Chaque jour ses mirages !

28 Mai à Ribadesella. ¡Buen Camino !

¡Buen Camino !
¡Buen Camino !
La formule nous est lancée à longueur de rencontres. Ce n'est pas seulement une invite, un salut. Non, au fil des encouragements, elle s'inscrit en moi comme un Mantra, une courte prière habillée de voeux plus ou moins évoqués.

Buen Camino ? C'est aussi le dialogue profond de tous les échanges du chemin, en France comme ici.
Ici, certes,la dimension "pèlerine "est inscrite dans la pierre, dans les signes, comme une route signifiante qui enlace toutes les voies qu'elle croise, depuis les sentes vicinales jusqu'à l'autoroute A8 et ses subdivisions.
L'image me trotte en tête, de temps en temps. Un chemin de sens qui vient se glisser, s'enrouler en douceur sur les voies et les vies qu'il rencontre. Une présence immatérielle, au coeur du quotidien matériel.
La ville le sait-elle, ce chemin spirituel ? Oui, un peu je crois ! Les saluts ne sont pas feints, les voitures s'arrêtent, comme en un respectueux salut, souvent, pour laisser passer le petit train de marche. Et le klaxon, le salut à la vitre, sont autant de voeux, de reconnaissance. Le sac à dos, la compostella, appellent , interpellent, et le moindre petit signe écrit un échange intérieur, un dialogue fugace entre l'émetteur et le pèlerin.
Quant à celui-ci  ( moi par exemple ) le voilà habité de mille petites missions, requêtes, prières, signes  qu'il se doit de porter à Compostelle.
Et le porteur pèlerin voit son pas grandi de tous les pas, de toutes les ferveurs, de toutes les émotions partagés.
Questionné sur l'étape du jour(¿adónde se  van hoy? Où allez vous aujourd'hui ?) , le pèlerin se voit poussé parfois à répondre d'une pirouette qui prend tout son sens. .."Je vais à Compostelle ! ".
Oui, le but est déjà cet aujourd'hui ! , Compostelle est déjà l'étape du jour, Ce qui sera est déjà là. La quête est déjà le Graal.

27 Mai Llanes

Un petit port d'Asturies, un petit bijou face aux assauts parfois violents de l'océan.

La playa de la Ballota . . . . 
Y su Castro  (son château).
Une rue de Llanes 
Le port 
La digue, robuste face à l'océan. 
Si vous souhaitez d'autres vues,
 faites comme Pascal. 
Il regarde sur Google Maps et Street Views 
Les villes que je cite. 
Il en voit plus que moi ! 

vendredi 27 mai 2016

Espagne, suite. ..

Espagne !
21h ! Nous quittons notre petit restaurant. menu peregrino, toujours. En Cantabrie et Asturies, soyons clairs, ces petits restaurants n'ont rien à envier aux préparations bretonnes des fruits de mer, ni des présentations de poissons à la plancha. Et pour ce qui est des prix, ils sont imbattables.
Il est 21h. Le restaurant va commencer à accueillir les clients suivants. Un restaurant attenant a compris que pour sa part, il n'aura pas de clients, il ferme donc.
Quant au petit super marché , digne de nos petites enseignes de centre ville, il est ouvert ! 21h 30. Et il y a des clients, je puis vous l'assurer.
Espagne !

Sidreria en Llanes !

Le cidre à Llanes, c'est une institution !
Allez, il a un peu d'aigreur que les bretons et les normands disputeront assurément.
Ici, par contre, il y a une façon de le servir qui assurément leur appartient. Comme les thés du Maghreb ou de Chine. Sans doute cela a l'avantage de l'aėrer ! Il n'est pas pétillant comme le nôtre.
Notre jeune serveur nous le sert, vous le voyez, avec une maestria très démonstrative. Il a ri de bon coeur quand il a vu le style qu'il avait sur les photos. Et puis, cela a joyeusement chauffé l'ambiance. Une cliente a voulu s'y essayer.
"Les autres serveurs, les autres bars le servent comme vous ? "Lui demandé -je (¡en español, si ! ).
"Si, si ! La majoridad. Es un Costumbre (coutume )aquí(ici)! Como las tortillas con patates  (comme les omelettes aux patates )!".

Les jours âpres.

Parfois l'on sait d'emblée qu'il va falloir serrer les dents. Aujourd'hui, c'est un jour comme cela.
Vous vous souvenez de mon voyage chez Decathlon Santander ! Visite du pèlerin à Santander ! Je n'avais pas imaginé cette étape. Chaussures déchirées dans la pluie donc. Le temps d'organiser mon passage à Decathlon, deux jours de marche avec des chaussures humides et trouées. Petits soupçons d'ampoules aux talons.
Avec des chaussures neuves, les ampoules, ce n'est pas indiqué ! La joie des handicaps de trotteur, ça !
Eh bien, le trotteur trotte un peu poussif, là. Bon, allez, 38 km, il est permis de se sentir fatigué !
C'est cela, le chemin. A chaque jour ses peines et ses joies.
Les joies du jour, elles sont là, tenez. De San Vicente à Llanes.

Le port de San Vicente au petit matin. 
Sur les hautes falaises près de Llanes. 
Une des plages de Llanes. 

26 mai, San Vicente, 21h

Avant de nous coucher, une petite visite à l'église. Eh bien, alors que nous envisagions le passage dans l'édifice, nous voilà, sur le parvis, accueillis par une banda de gaïtas en pleine répétition. Petite présentation succincte. Et leur jeune chef d'orchestre, le gaitero qui les mène  (je ne vais pas dire Penn Sonner ) nous interprète même  un an dro que je me charge de danser, sous le soleil couchant !

Rencontre des cultures celtes !
A cette heure de doux crépuscule , le soir se donne comme une prière chantante au jour qui s'éteint .
Que la Vie nous offre de beautés  !