vendredi 10 juin 2016

Vendredi 10 juin. Pedrouzo. Un jour.

Ce matin, l'objectif, c'est de se rapprocher de Santiago, pour y être demain. 38 km.
C'est peu dire que je n'en menais pas large pour cette dernière confrontation dure avec le bitume. Mon état d'hier ne me donnait pas d'optimisme démesuré !

Eh bien, s'il y a les intermittents du spectacle, je dois paraître au club des intermittents du miracle. Nous avons avalé  (il n'y a pas d'autre mot ) cette dernière difficulté à 5,5 km /h de moyenne.
Il est des jours comme ceux - là, on vole.
Je pense que c'est comme pour les vieux chevaux. .....l'appel de l'écurie !

Une étape campagnarde, en douce descente vers Santiago. La Galice, c'est très montagneux, je vous l'ai écrit. Très agricole aussi. Une agriculture moins productiviste que celle de Bretagne. Beaucoup de fermes ont gardé l'aspect de nos anciennes bâtisses familiales , et vivent de petites productions. Cela n'exclut pas bien sûr quelques entreprises très modernes. Ainsi de batteries de poulet ici et là ce matin. Des outils agricoles très contrastés aussi. Les vieilles moto faucheuses côtoient les tracteurs dernier cri, et souvent 'tous terrains'. Tous terrains, de fait sur ces côteaux pentus où le bois borde l'herbe, et où l'on peut être autant forestier que fermier.
Nous marchons dans les odeurs de foin fraîchement coupé, d'eucalyptus  (des forêts !) , et....de lisier  (c'est moins fin ! ).

Notre chemin rejoint au km 30 environ le Camino Francès ! Waouh ! Eh bien, même au 10 juin l'effet est saisissant . En débouchant sur le chemin commun, il ne nous faut pas 100m pour réaliser que cette fois , nous ne sommes plus seuls du tout. Un bon flot mêlé de pèlerins en marche de longue date, mais aussi les randonneurs de l'occasion , et un petit peuple de touristes. Les ports de sac, les équipements,  le style et l'état des chaussures, le look, la tenue du jour, autant de petits signes assez fiables pour une rapide "classification ". Et encore faut il relativiser, me disent mes deux acolytes, au regard de ce qu'ils ont connu en été. "Une autoroute de marcheurs, promeneurs et touristes" me disent -ils.
Nous voilà posés pour la soirée à Pedrouzo. Antichambre de Santiago, elle vit des marcheurs. Il me suffit que vous imaginiez que tous les commerces, bars, pâtisseries, épiceries, terasses sont ,à l'heure où j'y rentre, occupées par des marcheurs. Fin de randorade ! Pas encore le Tro Menez Arre, c'est un peu tôt dans la saison.  Mais quand même !   Nous ne sommes pas seuls ! Combien d'auberges pèlerines dans cette petite bourgade, je ne sais. Celle où nous sommes , toute neuve, doit pouvoir accueillir 120 pèlerins. Bien sûr, la musique du lieu, c'est, comme dans beaucoup des auberges du Chemin, cet étonnant mariage des langues. Dans le petit brouhaha du dortoir, je m'amuse à tenter de reconnaître à l'écoute, telle ou telle des langues que j'entends.
Anglais, américain  (c'est différent), allemand  (vraiment nombreux ), espagnol, portugais  (ou galicien ?), italien, français, polonais( ? Slave assurément), tchèque ? .....

Jour insolite, un brin hors du temps, à la veille du jour J.

Parmi les eucalyptus, 
La route à perte de vue. 
Non, nous ne sommes pas les premiers. 
Km 20,347.
À Pedrouzo nous sommes 
à moins de 20 km de notre but .

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