vendredi 17 juin 2016

17 Juin. Le jour d'après !

Plus encore que la journée d'hier, de Fisterra à Astorga en passant par Santiago, c'est celle d'aujourd'hui qui marque notre départ du chemin.

Depuis Astorga, pour rentrer en France, nous longeons longtemps le
Camino Francès. ...Castro Régis, Sahagún, Léon, Burgos, Logroño. ...nous remontons le serpent du chemin sur le plateau de la  Meseta. Ici et là, les silhouettes lointaines de pèlerins, de cyclistes. Nous pouvons présumer approximativement de leurs délais de marche vers Santiago.
L'image nous replonge un peu dans notre propre aventure depuis ces jours où "Santiago c'est bien loin" à ceux où le compte à rebours nous approche imparablement d'un but qui paraissait il y a quelques semaines encore bien hypothétique. Sans doute ces pèlerins matinaux sont ils dans ces dispositions lointaines encore.

Nous rentrons vers le pays basque où nous rejoignons le chemin que nous avons emprunté il y a quelques semaines.
Déjà dans la kyrielle d'images que nous portons, la mémoire fait sa hiérarchie.
Certains noms suscitent immédiatement des images, d'autres  interrogent. ."J'y suis passé, mais je n'ai déjà plus de souvenirs ! "
C'est ainsi ! Le chemin condense, épure. Le coeur organise un récit intérieur dans lequel s'organise un ordre  intuitif  d'émotions, de visages, d'événements.

Santiago garde sa touchante hauteur , ceci étant dit. Ce soir je reçois un mail de Didier qui écrit aux amis du Chemin pour évoquer sa propre arrivée aujourd'hui à Santiago. Didier que nous avions quitté à l'approche de Santander.Beaucoup d'émotions dans son mail. Quelques photos de sa dernière étape aussi. En les regardant je mesure l'effet d'aspiration, d'inspiration , d'allégresse que procure, jours après jours, l'atteinte du but mythique. Allégresse partagée, dans laquelle communient en fraternité les marcheurs de toutes origines. Ce n'est pas juste le terme d'une randonnée. C'est le sommet d'une rencontre de soi et de l'autre. Le temps, les efforts, la fatigue, les blessures, les épuisements . ...les joies, les images sublimes, les rencontres profondes. ...une Humanité en marche, que Santiago accueille depuis des siècles avec ferveur.

Au moment où mon retour vers la France éloigne la sentinelle de Galice, je sens qu'elle me laisse au coeur une touche lumineuse . Dans le musée du diocèse d'Astorga, nous avons pu admirer de magnifiques livres de prières . Peut être est ce là le miracle du Chemin. Un parcours quotidien d'enluminures, et en page d'or fin la prière en la Cathédrale de l'apôtre. Une page tramée au secret de chaque coeur. Une page qui, comme toute enluminure, prend, libre, son propre chemin intérieur...parfois elle illustre, parfois elle magnifie, parfois elle "féérise" , parfois elle crée une autre légende, un autre récit.
Un peu comme ce blog. Récit à plusieurs  tempos, à plusieurs voix, à plusieurs regards, à plusieurs écoutes . ...ceux et celles que le chemin offre, ce que mes sens en retiennent et recueillent, ce que j'en transmets. ...images et pages !


Et le récit d'un pèlerin se fait ainsi toujours unique, au coeur même des mémoires de  la foule des Cheminants du jour.

1 commentaire:

  1. en cette fin de parcours, j'ose reprendre contact avant la fermeture?de ce blog...

    je t'ai suivi, chaque jour, toi l'inconnu d'un soir à st mars la jaille !

    je suis admirative, est-ce parce que j'avais besoin de cet appel, de savoir qu'aujourd'hui tout n'est pas vain et qu'il existe des sensibilités, des rencontres qui peuvent apporter du bonheur, tout simplement
    martine de la bibliothèque m'a bien fait suivre ton courrier, je t'en remercie

    merci paul pour tout ce beau parcours et bon vent
    annick cadiot

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